Wednesday, February 7, 2007

Je ne crois pas au "Dialogue Direct"

Que d’encre et de salive coulant sur la proposition du Président ivoirien de rentrer en contact ‘‘direct’’ avec Soro Guillaume, maestro de la rébellion ivoirienne. Qu’il me soit permis ici d’exprimer mon scepticisme quant à la réussite de ce dialogue entre les 2 principaux belligérants du conflit ivoirien. Loin de moi l’intention de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais la réalité objective du conflit ivoirien durant ces 5 dernières années, est telle qu’il serait illusoire de jubiler et de penser que le ‘‘dialogue direct’’ proposé par le Président Gbagbo garantit une issue heureuse au ‘‘cafouillage’’ abidjanais. Mon scepticisme ne réside pas dans la justesse ou l’opportunité de cette proposition, mais plutôt dans les prémisses de ce dialogue. En effet, pour l’observateur que je suis de ce j’appelle le cafouillage politique qui prévaut en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002, il serait difficile de voir les parties en conflit assouplir leur position pour un dialogue civilisé, et pour cause. Nul n’ignore que la pierre d’achoppement de ce conflit a toujours été le refus des rébelles de désarmer si les cartes d’identités nationales ne sont pas distribuées à certains Ivoiriens dont ils se veulent les champions. Du côté présidentiel, la position est qu’il n’est pas question de brader la nationalité ivoirienne, aux étrangers qui constituent le gros lot des supporters de la rébellion et qui constituent la grande partie de l'électorat potentiel du RDR qui est l'organisation politique légale cachée derrière cette rébellion. Des accords ont été signés pour tracer les sillons de la résolution de ce conflit sans succès. Le plus récent est la résolution 1721 qui donne tous les pouvoirs au Premier Ministre Jean Konan Banni et réduit le président Gbagbo au rôle comme celui de la reine Margarethe II du Danemark, rôle se limitant à inaugurer les chrysanthèmes. Le Président Gbagbo a d'ailleurs signé l’arrêt de mort de cette résolution dès sa proclamation, mais Soro Guillaume s’accroche à elle comme un naufragé à un morceau de bois dans l'eau. Comment espèrent-ils discuter sans être d’accord sur le 1721? De plus, la gestion du scandale du Probo Koala par le Premier Ministre Konan Banny a provoqué l’ydre du Président Gbagbo qui a limogé Kébé Yacouba le directeur général pro-rébelle de la télévision nationale pour le remplacer par Brou Amessan, considéré comme un de ses hommes. Il a, en outre, réinstallé dans leurs fonctions—après leur suspension par Konan Banny—le Gouverneur du District d’Abidjan, les directeurs généraux du Port Autonome d’Abidjan et de la Douane. Tout le monde sait le désaccord de Soro sur la gestion du scandale du Probo Koala par le Président Gbagbo. Soro exige ainsi, le limogeage d'Amondji du District d'Abidjan, de Gossio du Port et de Gnamien Konan de la Douane de même que la réinstallation de Kébé Yacouba dans ses fonctions de DG de la RTI. Laurent Gbagbo est-il prêt à fléchir, au risque de se dédire sur sa gestion du Probo Koala? Tout le monde sait Soro intransigeant dans ses exigences. Ca, au moins, il faut le lui reconnaître. Quel fait nouveau y-a-t-il aujourd’hui dans la crise qui fait croire que les choses vont changer par enchantement? Il est vrai que toute négociation exige des concessions de part et d’autres. Que donnera Soro? Le désarmément sans avoir recu les cartes d’identité? que recevra-t-il de Gbagbo? Le poste de Premier Ministre? Que donnera Gbagbo? Le poste de DG. de la Télé à Soro, la ré-suspansion des DG de la douane, du port et du Gouverneur au risque de passer pour léger? Veut-on nous faire croire qu’il suffit de faire miroiter le poste de Premier Ministre à Soro pour qu’il lâche du lest? Autant de questions auxquelles il faudra que l’on trouve des réponses appropriées pour garantir la réussite des pourparlers interivoiriens. Il est vrai que le Burkina et le beau Blaise conduisent les négociations, mais les positions restent figées comme cela est le cas ces 5 dernières années et il sera difficile de trouver une issue heureuse sans des réponses aux inquiètudes légitimes soulevées un peu plus haut. Ont-ils donc décidé de mettre un peu d’eau dans leur vin pour faire rêver les Ivoiriens? Une issue heureuse à ce dialogue sera sans nul doute le meilleur cadeau de ce debut d'année 2007 aux Ivoiriens. Mais encore faut-il y croire…et moi je n’y crois pas, car j’ai peur qu’au finish, Gbagbo et Soro ne se mettent d’accord que sur leur désaccord. D'emblée, Le président Gbagbo aura eu le mérite d’essayer un remède venant de lui. Soro Guillaume aura le mérite de saisir au bond la main tendue. En tout cas, wait and see, disent les hommes du pays de Shakespeare. Par Blay-Azu Dali

1 comment:

Anonymous said...

Eh Azu, tu es un doyen!!!